« Ça m’angoisse un peu » : à La Flèche, cette habitante voit sa maison se fissurer

Nathalie Dugenetay s’inquiète de voir apparaître de plus en plus de fissures sur les murs de sa maison, située à La Flèche. Une impressionnante lézarde traverse notamment l’un des murs du sous-sol, « qui porte la maison ».

Ouest-France Léa VIRIET et Yohann BOURGIN.

Publié le 19/09/2022 à 06h25

Nathalie Dugenetay, habitante de La Flèche, s’inquiète de voir d’importantes fissures apparaître sur les murs de sa maison, sur sa terrasse ou encore sur des murets.
Nathalie Dugenetay, habitante de La Flèche, s’inquiète de voir d’importantes fissures apparaître sur les murs de sa maison, sur sa terrasse ou encore sur des murets. | OUEST-FRANCE

« J’essaie de ne pas le montrer, mais ces fissures, ça m’angoisse un peu. » C’est pour « se renseigner » que Nathalie Dugenetay a assisté, comme 85 autres personnes, à la réunion publique proposée par l’Association urgence maisons fissurées (AUMF), mercredi 14 septembre à La Flèche.

De nombreuses fissures endommagent sa maison, construite en 1977 et dans laquelle elle habite depuis 2014. « Après l’avoir achetée, nous avons fait des travaux d’embellissement et retiré la tapisserie des murs et du plafond, retrace la femme de 53 ans. C’est là que nous avons vu des fissures dont nous n’avions pas connaissance avant. C’était petit, rien qui nous a inquiétés. Mon mari les a bouchés et a peint par dessus »

« Sous la chambre de ma fille »

Mais au fil des années, de nouvelles lézardes apparaissent, et celles déjà là prennent de l’ampleur. Vus de dehors, les murs de la maisons semblent pourtant en bon état : « Nous venons de faire l’isolation par l’extérieur, ça a masqué les fissures «  Tandis qu’à l’intérieur, plusieurs petites fissures se sont dessinées, principalement dans le couloir.

Une importante lézarde traverse le mur du sous-sol. | Ouest France

Les dégâts les plus impressionnants concernent le sous-sol : une lézarde large de plusieurs centimètres traverse l’un des murs. « Elle existait déjà en 2014 mais elle s’est agrandie. Le sous-sol porte toute la maison, relève Nathalie Dugenetay. Là, c’est juste sous la chambre de ma fille. Elle me dit qu’un jour elle va tomber dans le garage ! «  Une crevasse similaire est visible sur le muret du voisin.

Quant à la terrasse, elle est traversée par de nombreuses fissures partant de la maison en direction du terrain, et semble s’affaisser par endroit. « Les inondations n’ont pas dû arranger les choses » soupire la propriétaire en énumérant les dégâts. La quinquagénaire a en effet vu son sous-sol se remplir d’eau à deux reprises lors des intempéries, en Juin 2018.

En proie a des soucis de santé, la Fléchoise n’a, pendant longtemps, pas pris le temps de se pencher sur le problème. Elle s’en est finalement saisie il y a quelques jours, en voyant passer un article annonçant la réunion d’AUMF. Elle a fait venir un maçon pour en savoir plus.  » Il m’a dit que c’était du travail mal fait, et qu’il ne pouvait rien faire « 

Mais Nathalie Dugenetay pense, sans certitude, que l’explication est ailleurs.  » Des fissures peuvent apparaitre sur les maisons construites sur un sol argileux, explique Mohamed Benyahia, président d’AUMF. L’argile se rétracte avec la sècheresse, et gonfle avec la pluie. Cela produit des mouvements de sol. Le phénomène est amplifié par le réchauffement climatique. Pour s’assurer qu’il s’agit bien de se problème, « rien ne vaut une étude de sol approfondie ».

L’AUMF conseille en tous les cas aux propriétaires de maisons fissurées de se signaler auprès de la municipalité, afin qu’elle fasse « une demande de reconnaissance de catastrophe naturelle », indique Mohamed Benyahia. Ce que va faire Nathalie Dugenetay, qui espère surtout que « [s]a maison ne s’écroulera pas ».

Léa VIRIET

Maisons fissurées : Quelles sont les démarches à suivre ?

« On aimerait pouvoir disparaitre, on ne veut pas devenir les Resto du coeur des maisons fissurées » présentait, mercredi dernier, Mohamed Benyahia, président de l’association Urgence Maisons Fissurées (AUMF), lors d’une réunion publique à La Flèche. Mais « on ne peut que constater que les victimes de ce fléau sont de plus en plus nombreuses », soulignait Nicolas Chauvin, adjoint au maire de La Flèche, en charge de l’urbanisme.

En effet, la réunion a rassemblé 85 personnes salle Printania, dont bon nombre sont venues avec leurs épais dossiers sous le bras. Si certains n’ont constaté des fissures chez eux que très récemment, d’autres se battent pour être indemnisés depuis de nombreuses années.

Pour les uns comme pour les autres, l’AUMF les encourage, avant toute chose, à faire connaitre leur situation en mairie. Car c’est aux municipalités de faire remonter les demandes de reconnaissance d’état de catastrophe naturelle aux préfectures. « Cette reconnaissance peut avoir lieu même si vous êtes la seule personne victime de votre commune. Et il faut réitérer vos demandes chaque année », a insisté Mohamed Benyahia.

De 2018 à 2021, 39 communes sarthoises ont été reconnues en état de catastrophe naturelle, contre 166 qui, malgré leurs demandes, sont restées non-reconnues. C’est notamment le cas de La Flèche, ville adhérente de l’AUMF, où 23 propriétaires se sont fait connaitre en mairie. Un recours va d’ailleurs être déposé avant le 26 septembre 2022 pour réitérer cette demande de reconnaissance pour la ville. L’association a également annoncé, mercredi dernier, qu’elle avait demandé au Gouvernement une procédure accélérée, réservée aux cas d’urgence, craignant que la sècheresse de cet été ait des effets dévastateurs sur les sols.

Reste que toutes les fissures qui apparaissent sur les murs ne sont pas forcément dues à un problème de sol argileux. Elles peuvent, par exemple, être nées d’un défaut d’ouvrage ou du simple vieillissement du crépi. Selon l’association, seule une analyse de sol poussée, aussi appelée « diagnostic G5 » permet d’être fixé.

Et si c’est bien le sol qui est la cause des fissures, les solutions de réparation telle que l’injection de résine et l’installation de micropieux ne suffiraient pas à endiguer le problème, plus profond.

Yohann BOURGIN

Sarthe. Urgence maisons fissurées : « l’heure est à la mobilisation »

Urgence maisons fissurées Sarthe tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Deux réunions publiques sont organisées, au Mans et à La Flèche.

Mohamed Benyahia, président d’Urgence maisons fissurées Sarthe
Mohamed Benyahia, président d’Urgence maisons fissurées Sarthe tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. ©Actu.fr

Par Rédaction Sablé Publié le 6 Sep 22 à 9:30 

L’association Urgence maisons fissurées de la Sarthe tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme après la sécheresse de l’été. Deux réunions publiques sont organisées. La première au Mans, ce mardi 6 septembre 2022 à 18 h salle Henri Barbin et la seconde à La Flèche, mercredi 14 septembre, salle Printania.

 « Les sécheresses cumulées depuis, au moins 2018, viennent de battre des records cet été 2022. Selon le Cerema, 10.4 millions d’habitations en France, construites sur un terrain argileux, avant les normes de la loi Elan de 2020, sont exposées à la fissuration », fait savoir le président de l’association Urgence maisons fissurées, Mohamed Benyahia.  

L’argile en cause

En cause, l’argile asséché qui se rétracte. « Le sinistre ‘Retrait Gonflement de l’Argile’, a la particularité de continuer à s’aggraver tant que les réparations ne sont pas réalisées ». 

Pour être indemnisés par les assurances, les propriétaires doivent justifier d’un arrêté de catastrophe naturelle sécheresse de leur commune.

Reconnaissance en état de catastrophe naturelle

« Seule 12% des communes (et non des sinistrés), en France, ont obtenu la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sécheresse par le dernier arrêté publié le 26 juillet 2022″. 

 Et le président poursuit 

En Sarthe, des centaines de maisons et de bâtiments professionnels sont fissurés. La sécheresse de 2022, a fait de nouvelles victimes et menace de péril les anciennes. Depuis, 2018, seul 23.5 % des demandes de reconnaissance de l’état de catastrophe effectuées en Sarthe, ont été satisfaites !

Un combat que mène Le collectif des sinistrés, Association Urgence Maisons Fissurées-Sarthe, depuis 2019. L’association organise deux réunions publiques:

au Mans, ce mardi 6 septembre 2022 à 18 h salle Henri Barbin et à La Flèche, mercredi 14 septembre, salle Printania.

Le point sur les actions

Des sinistrés témoigneront. « Nous exposerons les actions engagées par l’association : recours collectif, des sinistrés auprès du tribunal administratif pour les sinistrés non reconnus par les arrêtés publiés en 2022 ; contestation des contre-expertises défavorables de certaines campagnes d’assurance pour les sinistrés reconnus mais non indemnisés ».  Les actions menées avec les élus au niveau communal et départemental seront présentées. 

« L’heure est à la mobilisation », insiste le président.

Urbanisme : les éoliennes et les sols argileux s’invitent au débat sur le PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal)

Soixante-quinze personnes, dont une quinzaine d’élus, assistaient jeudi soir à la réunion publique organisée dans le cadre de l’élaboration du futur Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi). Après un rappel des étapes précédentes et la présentation des grandes composantes de ce futur document d’urbanisme, la parole a été donnée au public.

Le sujet des éoliennes a été le premier thème abordé. Plusieurs personnes ont souligné la contradiction entre la volonté de préserver les paysages, stipulé dans le PLUi, et les érections d’éoliennes qui vont à l’encontre de cette préoccupation. Sébastien Jousse, le directeur du service urbanisme du Pays fléchois, a indiqué que, « les éoliennes ne sont plus soumises au permis de construire. Leurs implantations échappent aux municipalités. Les autorisations sont délivrées directement par l’État qui s’appuie sur un schéma régional éolien « . Et le technicien de préciser :  » Elles peuvent être implantées en zones agricoles et naturelles «  Le cas se présente sur le secteur de La Garennes des Saars, au nord de La Flèche ( communes concernées : Clermont, Bousse, Ligron). Des opposants au projet ont fait entendre leur voix. Un collectif est d’ailleurs en passe de voir le jour.

Maisons fissurées

L’autre grand sujet qui a alimenté le débat est d’ordre géologique. Une clermontoise impactée par retrait-gonflement du sol argileux sous sa maison estime  » qu’il faut prendre en compte la nature du sol «  avant d’autoriser une construction. Sébastien Jousse lui a répondu :  » L’étude de sol est préconisée mais pas imposée ; le constructeur doit le conseiller à son client. « 

Guy-Michel Chauveau maire, de La Flèche et président de la communauté de communes, en a profité pour rappeler :  » Tous ceux qui sont confrontés à ce problème doivent faire une déclaration en mairie qui collectera et transmettra les dossiers à L’État. »

( Des échanges entre le public et des élus ont eu lieu en deuxième partie de réunion )

1 – Maisons fissurées : faites-vous connaitre en mairie

En Sarthe, des habitants constatent l’apparition d’inquiétantes fissures sur les façades de leurs maisons.

Des fissures ont commencé à apparaitre sur les maisons de plusieurs habitants du sud Sarthe,  » Nous avons recensé deux maisons dans la ZAC Canada » , annonce Guy-Michel Chauveau, maire de La Flèche.

D’après la mairie, il y aurait plusieurs dizaines de maisons touchées par des fissures sur le Pays fléchois. « Pour l’instant, nous avons trois cas sur La Flèche », précise le maire.

Afin d’établir si ces fissures sont dues à la sècheresse de cet été 2019, la ville invite les habitants à se signaler en mairie :  » Il faut absolument faire une déclaration pour bénéficier d’un arrêté interministériel pour déclarer l’état de catastrophe naturelle ».

2 – Maisons fissurées : faites-vous connaitre en mairie

A La Flèche, des propriétaires ont constaté d’importantes fissures sur leurs maisons. Selon eux, les sècheresses des étés 2018 et 2019 en seraient la cause.

« Quand le carrelage a claqué ça a fait un de ces bruits.  »  Dans leur salon, Claude Chantepie et son épouse montrent le sol dans l’angle de la pièce. Une fissure qui court depuis la baie vitrée le long des carreaux et des joints. Voilà onze ans que le couple vit dans cette maison construite en 1999, et située ZAC du Canada, à La Flèche. « Il n’y avait rien quand on l’a achetée  » Rien jusqu’à l’été 2018. Et l’apparition d’une petite fissure à l’extérieur. « On pensait que le crépis n’était peut-être pas assez épais, qu’il avait souffert de la chaleur »  

« La terrasse s’est enfoncée » 

C’est en Juillet 2019 que le phénomène s’est aggravé. Le crépi extérieur a fondu sur toute la longueur d’une des façades, la terrasse s’est enfoncée et s’est écartée du mur d’environ deux centimètres.  » C’est là que le carrelage, à l’intérieur, a commencé à bouger, raconte Claude Chantepie. Comme ça avait bougeait à l’extérieur, ça a claqué au niveau des carreaux. Les plinthes, aussi, ont travaillé, et maintenant ce sont les plaques de plâtre. Cela touche principalement les parties sud et est de la maison.  » 

 » Plusieurs dizaines de maisons concernées  » 

La maison de Claude Chantepie et son épouse est construite sur un terrain argileux. Pour eux, cela ne fait aucun doute. Les sècheresses consécutives de 2018 et 2019 sont la cause des ces dégradations. Un autre riverain de la ZAC du Canada rencontre les mêmes déboires. Là aussi,  » ça a commencé à fissurer un peu l’an dernier, entre la porte du garage et celle de la salle à manger, et ça s’est aggravé cette année. A l’intérieur, le sol a baissé un peu au niveau des plinthes. Près d’un centimètre à certains endroits. « 

A La Flèche, plusieurs dizaines de maisons auraient subi les effets de la sècheresse. « Le maçon que j’ai fait venir, m’a dit qu’il en voyait trois ou quatre par semaine depuis cet été «  confirme Claude Chantepie.

« Un courrier à la mairie »

Il y a trois semaines, Claude et cet autre habitant de la ZAC du Canada, ont participé à une réunion d’information organisée au Bailleul par « les oubliés de la canicule 72 » . Ils ont aussi signalé leur situation à la mairie de La Flèche. Sur courrier libre, avec quelques photos. A ce jour, le service urbanisme a reçu quatre signalements.  » Il faut absolument faire une déclaration en mairie (1), rappelait, il y a quelques jours, Guy-Michel Chauveau, maire de La Flèche. Si on a un grand nombre de dossiers, cela facilitera la prise de l’arrêté interministériel de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. »  Seul cet arrêté permettrait, potentiellement, une prise en charge par les assurances. Car le coût des travaux peut vite s’envoler.  » Faire venir une machine pour faire tester le terrain, c’est 37 000 euros « , s’explique Claude Chantepie.

Jean-Christophe Couderc

(1) Courrier libre accompagné de quelques photos, à déposer au service urbanisme de la ville de La Flèche. Renseignements –> lesoubliesdelacanicule72@gmail.com

Après la sécheresse, sa maison se fissure

Ouest-France 15 octobre 2019

En Sarthe, des habitants constatent l’apparition d’inquiétantes fissures sur les façades de leurs maisons. Parmi eux, Patricia Pérez. Elle va entamer des démarches administratives.

Les premières fissures ne l’ont pas vraiment inquiétée. C’était à l’été 2017. Mais aujourd’hui, les failles dans les murs ont grossi.  » Mettez votre oeil, là, on arrive même à regarder dans le jardin !  » s’exclame Patricia Pérez. La vue sur le jardin, depuis l’intérieur du garage, aurait pu être une bonne nouvelle … Si ça n’avait pas été à travers l’importante fissure.  » Entre le début de l’hiver et cet été, l’écart s’est agrandi de 1,5cm » soupire cette mère de famille, installée dans le quartier de Verron à La Flèche.

 » Je ne vois pas d’autres explications que la sécheresse  »

C’est en pianotant sur son ordinateur qu’elle a découvert un tas histoires semblables à la sienne.  » Les dates des fissures de mon garage correspondaient : 2017, 2018, 2019 … Je ne vois pas d’autres explications que la sécheresse  » , poursuit-elle. En effet, quand le mercure grimpe, la situation s’aggrave.

Pour l’heure, Patricia n’est qu’à  » la prise de conscience « , appuyée par la création récente de l’association Les oubliés de la canicule 72. Cette dernière a été lancée par Mohamed Benyahia, installé à Neuville-sur-Sarthe (Ouest France d’hier). Sa demande de reconnaissance en catastrophe naturelle transmise par son maire auprès des services préfectoraux, a été refusée. La commune ne fait pas partie des cinq (Avezé, Champfleur, Conlie, Fresnay-sur-Sarthe, Louzes) dont l’état de catastrophe naturelle a été reconnu dans l’arrêté du 16 Juillet 2019. Il appelle toutes les personnes concernées à se regrouper, pour s’entraider dans les démarches (lesoubliesdelacanicule72@gmail.com)

Patricia Pérez, elle, entame tout justement les démarches pour faire connaître le sinistre,  » J’ai contacté l’assurance par mail, j’ai aussi sollicité l’adjoint à l’urbanisme  »  Contacté, Dominique Davoine confie que  » plusieurs personnes ont informé les élus, mais pour l’heure, il n’y a pas eu de dossier déposé en mairie  » Celui de Patricia Pérez devrait arriver prochainement ….